mercredi 11 février 2009

Les villes soviétiques

Après avoir été turque, irannienne, mongol et j'en passe (bref intermède arménien, quand même), l'Arménie a fait partie de l'URSS avant son éclatement. Et ça se ressent : on perçoit un charme un peu moins consensuel, ou un peu moins classique que les monastères, mais tout aussi captivant.

On a noté pêle mêle :
  • les trous dans la route de 1 mètre de large et 2 mètres de profondeur (au bas mot selon Isa... que Sophie se demande son accloyte n'est pas Marseillaise). Assez sympa quand on se balade la nuit ; malin d'avoir pensé à la lampe de poche (merci Sophie, t'as d'bonnes idées sous ton chapeau).



  • les chaussettes qui pendent avec leurs stalactiques sur des fils à moitié électrifiés. Après nos séjours en guest house, on a compris pourquoi ils les mettent dehors : il fait encore plus froid à l'intérieur.



  • les semi-HLM. On aime bien, on ne sait pas pourquoi mais on aime bien.




  • ces ambiances un peu moroses, de vie ultra-lente, qui donnent l'impression que rien ne s'y passe mais accoudé à la fenêtre de l'hôtel, a y regarder d'un peu plus près, on a le sentiment que wo-ho, c'est hyper puissant ce qui se déroule dans ces villes. Ca aussi, on adore, on ne sait pas pourquoi, mais on adore.


  • les Ladas. Alors là, c'est des super voitures. Quand elles s'arrêtent au milieu du chemin, il suffit de leur mettre un petit torchon sur le moteur ou un petit coup d'eau bouillante sur le bout du nez (et là, c'est du vécu, du vrai de vrai) et hop, ça repart de plus belle. Et puis leurs pédales en forme de petits pieds... trop chou. Peugeot peut aller se rhabiller.






  • les stations essences : le "refill" est fait au moyen d'un câble hyper fin relié à une bombonne située dans le coffre. On comprend pourquoi il faut sortir de la voiture pour la manoeuvre.






  • la télévision, facebook et msn en russe. On ne comprend rien de toute façon ; on a juste remarqué que les lettres étaient pas les mêmes.

  • les bonbons russes, source de fierté pour les Arméniens : "c'est russe !". C'est dégueulasse, mais c'est russe.

mercredi 4 février 2009

Les églises

Et sur notre chemin, nous avons croisé des églises, sans monastère, toutes esseulées mais néanmoins émouvantes. Les deux plus marquantes pour nous furent

Artavasik proche de Erevan, datant du VIIème siècle.

On cherchait le monastère de Hovanavank et on est tombées sur les vestiges de cette église, enfouie sous la neige, et nous aussi, du coup, jusqu'au cou. Moment magique (ce chauffeur aussi s'impatiente et se demande certainement ce qui nous fait tripper pour rester autant de temps dans ce froid insupportable).



Biourakan, au milieu d'un petit village.
On ne pourra y entrer mais cela ne nous empêchera pas d'y rester une heure, à profiter du site, comme pour toutes les autres églises à tous les autres monastères, les pieds dans la neige et la tête perdue dans un trip transcendantal, abstraction faite de la réalité sensible, matérielle et psychologique ; bref, c'était waou.


lundi 2 février 2009

Les monatères

De tous ceux que l'on a vu, lequel nous a le plus plu, le plus impressionné, le plus saisi ?... Isa a une préférence marquée pour Gheghart ; elle tripait déjà sur les photos du guide un mois avant d'y être. Et c'est sûr, une fois à l'intérieur, c'est l'émotion intense, brute de décoffrage. Mais tous ont quelque chose de particulier ; pour tous, on a vécu des émotions différentes et saisissantes. Ce sera donc dans l'ordre chronologique des visites que nous allons les présenter.


Tatev, près de Goris (au Sud de l'Arménie) - construit aux IX et XIème siècle
Envers et contre l'avis de tous et de toutes, nous nous y sommes rendues : un centre de taxi refuse de nous y emmener (route trop dangeureuse nous dit une personne de la Mairie de Goris qui l'a appelé pour nous) ; ni une ni deux, Sophie appelle un arménien rencontré la veille qui nous disait y aller pour y réparer des équipements électriques ; zut, il est déjà parti ; on ne lâche pas l'affaire pour autant et on insiste pour appeler un autre centre de taxi... ça y est ! On est sur la route : à part quelques nids de poule tous les deux mètres et une route pas du tout à flan de montagne, RAS.

Ce monastère fut le centre spirituel du royaume de Siouie et est aujourd'hui un lieu de pélerinage. On y découvre la charmante petite église de Sainte-Mère-de-Dieu et une magnifique chambre (celle de l'évêque) avec vue panoramique sur la vallée. On y restera un moment à méditer au calme... avant que le chauffeur de taxi nous tourne autours pour nous indiquer qu'il aimerait bien y aller. Ok, ok, on y va.







Novarank, sur la route de Goris à Erevan - fondé au XIIéme siècle
La couleur du monastère se confond avec celle de la roche (ben oui, forcément, c'est avec la roche de la montagne qu'elle a été construite). On a le sentiment de découvrir un monument merveilleux et oublié de tous lorsque nous l'apercevont à peine de loin puis que nous la distinguons de mieux en mieux au fur et à mesure que l'on s'en approche. Comme tous les autres site, nous sommes les seules touristes. Les monastères et églises sont presque à nous, un vrai bonheur savouré tout au long du voyage.




Khor Virap, proche de Erevan
Situé au pied du mont Ararat, c'est autours de la fosse de Greg le Mill... non, de Greg l'Illuminateur que c'est construit ce petit monastère. Ce pauvre homme a été jeté dans un trou à 15 mètres de profondeur (Khor Virap signifie fosse profonde) parce qu'il prêchait la bonne parole du Christ et que ça saoulait grave Tiridate III. Pris de remord et surtout rongé par la maladie, il l'en fit sortir 13 ans plus tard : Grégoire l'Illuminateur le guérit et Tiridate III se convertissa au christianisme. Youplaboum. C'était pas rose tous les jours à cette époque. (et comment il a mangé pendant 13 ans, Grégoire, hein !? et bien une bonne âme lui jettait régulièrement de quoi manger par le trou de la serrure ; sympa la fille).


Gheghart, près de Erevan
Sa découverte fut aussi émouvante que pour Novarank (monastère construit à même la roche et se confond avec celle-ci, s'en rapprocher au fur et à mesure après l'avoir aperçu de loin en tout petit petit blablabla).

Et quand on rentre, c'est l'émotion : des chapelles troglodytes ont été creusées dans la paroi rocheuse à laquelle est adossé cet ensemble monastique, dont la chapelle et le mausolée présentent des murs à la fois travaillés et bruts.



Gochavank, on the road to Idjévan (Nord de l'Arménie) : Détruit par un séisme au XIIème siècle, il fût reconstruit au XIIIème et abritât de nombreux textes de lois des trois confessions (chrétienne, juive et musulmane) recuillis par son fondateur, Mikhitar Goch, ainsi que des textes bouddhistes, dit-on. Malgré cet oecuménisme affiché, les Mongols brûlèrent la quasi totalité de ces richesses.




Makaravank, on the road again towards the North. Celui-là aussi, on l'aura mérité !!

A une dizaine de km de Idjévan, traverser le charmant petit village de Atchadjour puis continuer 3 km au sud-ouest de ce village... et là... rien, une purée de pois, on y voit que d'. Le chauffeur de taxi nous dit que si que si, le monastère est là-bas, en contrebas, suivez le chemin mes petites, encore un peu plus loin. Sophie est prise d'un coup de flippe : et si le chauffeur se faisait la malle avec les sacs qui sont dans le coffre du taxi ? Allers-retours incessants entre là où est censé être le monastère et le taxi. Ca tombe bien, il fait froid ; ça réchauffe. Après 20mn, on abandonne : on se dit que le chauffeur nous a entourloupé en nous disant que c'était là mais en fait c'est pas là, et pis c'est tout. Mais comme pour Tatev, têtue comme une bonne grosse mule, Soph insiste ; ok, ok, on y retournera le lendemain. Il fait beau : peut-être qu'on le verra de loin. Et là, à deux pas d'où on était, se découvre le monastère, bien énorme comme il faut, faudrait être bigleuses pour pas le voir. Et on se mord les joues sur ce qu'on a pensé de notre chauffeur, hyper sympa hyper adorable hyper conscencieux (comme tous nous autres chauffeurs). Il ressemblait à Shrek, d'ailleurs (en moins vert) ; trop chou.
Et nous sommes récompensées : l'église principale est fermée mais on tripe à fond les ballons (at the very deep down bottom of the baloons) ; on visite les monastères les pieds dans la neige, la tête au soleil et dans les émotions. C'est le full foot.
Monastère construit aux XII et XIIIème siècles, l'église principale est surmontée d'un tambour cylindrique parcouru d'une fine colonnade soulignée de frises superbement sculptées. Les façades présentent aussi un riche décor sculpté, des motifs géométriques et figures animales. Et la petite église ocotgonale Sainte-Mère-de-Dieu coiffée du traditionnel toit conique est charmante.


Hagpat et Sanahin, proche de Dilidjan (toujours dans l'grand nord de l'Arménie).
Deux monastères de pure beauté ; on comprend pourquoi ils sont inscrits au patrimoine de l'UNESCO !

Hagpat: fondé par la reine Khosrovanouch, en 1976, il s'organise autours de l'église St-Signe. Ce monastère renferme de nombreux Khatchkar, dont celui, unique en son genre, d'Aménarprikitch (Sauveur de tous), datant de 1273.





Sanahine: le complexe monastique dont les multiples coupoles se détachent du plateau (enneigé pour l'occasion ; o-ho, ça c'est une surprise). Il fut aussi fondé par la reine Khosrovanouch, en 966 puis à l'église du St-Sauveur ont été ajoutés du Xème au XIIIème siècles plusieurs édifices qui forment un ensemble imposant, puissant et harmonieux. Ce monastère fut un centre de rayonnement culturel, habité jusqu'au début du XXème siècle.








Hovanavank, proche de Erevan
Adossé au canyon de la rivière Kasakh sur laquelle on a une vue plongeante, il a été fondé (au IVème dit la légende, mais plus certainement...) au XIIème siècle.
Fermée, nous sommes restées perchées sur le rebord de l'une des fenêtres de l'église pour en contempler l'intérieur, s'imprégner de ce silence et de cette beauté, jusqu'à que le froid nous morde les pieds et les mains (méchant !).





dimanche 1 février 2009

les guesthouses en Arménie

On avait lu et entendu de part et d'autre que l'hospitalité en Arménie n'était pas un vain mot. A défaut d'être vide de sens, on le reconnaît, il a été vide de chaleur : on s'est pelé, c'était à peine supportable !

Chez Gayané, Erevan
Isa s'entête et Sophie se désespère de trouver cette guest house : le guide renseigne qu'elle est au 25 de la rue Sayat Nova... mais on passe du 23 au 52 ! On finit par entrer dans une boutique d'informatique qui téléphone au numéro de la guest house indiqué sur le guide... le 25 se révèle être à 1km plus loin, à l'opposé de la ville ; on ne comprendra jamais comment sont numérotées les rues...

Nos efforts sont récompensés : on se sent vite chez nous : dès rentrées de nos périgrinations, à toute heure du jour et de la nuit, on aura notre thé, nos baklawa et nos fruits secs. Même nos chaussettes se sentiront complètement à l'aise sur le fil à linge, comme à la maison !

Chez Svetlena, la veuve dans la maison glaciale à Idjevan :
Fortes d'un peu d'expérience sur les guesthouses, on souhaite éviter l'isolement et se cantonner à une guesthouse située sur la "rue principale" de Idjévan. La rue principale, oui, mais au numéro 3. Et l'on découvre que le numéro 3 se trouve à 10 minutes du centre, en taxi, sur une montagne (tiens, le numéro 3 est à côté du numéro 24)... et que la maison est glaciale !!
La cuisine, seule pièce un peu tiède de cette vaste demeure, est chauffée avec un feu de la gazinière. Notre "chambre" est juste gelée, et pis c'est tout ; elle n'a pas dû être habitée depuis au moins 10 ans.
Après nous avoir offert un thé, notre hôtesse s'éclipse dans la maison d'à côté, chauffée par un feu de bois cosy... nous laissant seules dans cet intérieur gelé (il n'y a pas plus fort comme mot dans la langue française ?). C'est l'occasion d'une de nos plus belles réalisations vidéo, le "film d'horreur":








Chez Lilit, Sanahine
Perdues à Sanahine, devant un hotel délabré, fermé, le seul de Sanahine, nous sommes un poil désemparées. Pas le choix, nous nous rabattons sur le plan B : guest house dont Ganayé nous a donné les coordonnées... en cyrillique. Quand tout d'un coup, au milieu de la rue, surgissant de nulle part, une petite fille de 13 ans parlant parfaitement anglais nous aborde gentillement et tout naturellement : elle nous invite chez sa tante Lilit qui nous attend avec impatience. Après trois jours à balbutier nos deux-trois mots d'arméniens, on se retrouve à parler anglais au fin fond du bout du monde, avec des personnes d'une étrange modernité d'esprit. C'est étonnant, inattendu, super... sauf que l'eau sera coupée et qu'est qu'on se pèle !! La maman de Lilit prend sous le coude le chauffage de la pièce où nous allons dormir ; Isa s'assoit pour accuser le coup, Sophie demande un peu de chauffage pour la nuit, juste un peu... ben allumez donc la lumière nous répond Lilit... bah bien sûr, c'est que ça chauffe une ampoule ! On s'installe dans notre canapé lit avec trois édredons complémentaires, nos vêtements. Vodka le lendemain matin à 9h pour se réchauffer ; faudra bien ça pour affronter la journée de retour à Erevan. Est-ce que c'est ça qui nous aidera à chanter puis somnoler dans le marchoutka ?

rencontre avec les Arméniens


Tous les jours, on donne notre téléphone à un Arménien... ou deux.


avion, Vahé N°1 : dès le trajet en avion, on tombe sur Vahé (notre premier Vahé d'une longue série), qui nous dit qu'on est inconscientes, qu'on va rester bloquer dans la montagne et qui sera le premier Arménien à nous dire cette phrase maintenant célèbre "mais qu'est ce que vous venez faire en Arménie ?"



On ne sait pas trop ce qu'il fait, mais il a l'air de travailler dans l'armée. Il nous propose un trajet en 4X4 avec lui : un jour au Karabagh, et un petit crochet en Géorgie. Sophie est assez tentée, mais on reste quand même sceptiques sur cette nouvelle aventure. Dans le doute, on lui donne notre numéro... Il nous suit jusqu'à l'hôtel, il nous retrouve au supermarché (oooh! l'angoisse!). Il nous appellera tout au long de notre séjour, et tout au long de notre séjour, nous ne lui donnerons pas de réponse. On le retrouve à l'aéroport le jour de notre départ. Inquiet, il a failli prévenir l'ambassade de notre "disparition".





Vahé n°2, Erevan : (serveur au restaurant "our village")



En allant dîner à Erevan, on trouve le restaurant "typique" avec musique arménienne. Une petite troupe joue. On est fascinées par le jouer de doudouk dont les joues se gonflent quand il joue... Isa tombe en émoi (et réciproquement). Un serveur se pointe, parlant parfaitement français (denrée rare en cette contrée) ; il nous conseille de ne pas prendre de Spas (soupe à base de lait caillé) ; on va pas aimer... on prend... et on adore. Echange de numéro en fin de repas. On l'appelera plus tard. Sophie lui propose un karaoké. Farouche, il nous propose plutôt de venir dîner chez sa mère... on n'ira jamais.








Voran, Idjevan :
On se retrouve paumées dans une ville proche de l'Azerbaïdjan. Après avoir dansé en après-skis sur la place principale et s'être fait hélé au micro par le chanteur devant 400 personnes (quel succès !), on se réfugie chez Voran, qui nous avait déjà offert le taxi et de multiples thés. Coincées dans une salle-resto, on subit son hospitalité sous le regard un peu jaloux, voire carrément hostile de sa femme. Après avoir décliné poliment la langue de boeuf (beurk !) et fait le tour de nos connaissances en arménien, on décide de chanter notre tube préféré pour détendre l'ambiance ! On chantera aussi O tannenbaum avec son épouse (amadouée !).







Jacob, Erevan:


Avant de prendre la route pour Etchémiadzine, Zvartnots et Gueghart, on s'arrête prendre un double expresso dans un café. On repartira de là avec le serveur et son "frère-taxi", qui n'est pas plus chauffeur de taxi et son frère que nous on est dresseuses de puces et soeurs. Il nous proposera un réveillon en maillot de bain dans une piscine à quelques km de Erevan. A la dernière minute, on se ravise... on pense avoir bien fait.




Le mariage Kurde, Zvartnots



On se retrouve dans un mariage kurde à danser les pas typiches... oulaa, c'est compliqué... Notre voisine en anlgais que nous comprenons difficilement nous demandera notre téléphone, email, adresse pour "échanger sur les cultures". Elle n'appelera pas ; nous sommes déçues.




Alexandre, Erevan




Un peu en manque de vraies conversations avec des phrases complètes, on se réfugie "chez Jan Jak", un des seuls bars ouverts entre le 1er janvier et le 6 janvier (un mélange de Noël et de jour des morts), et on tape la causette à "Alexandre", un franco-arménien qui est venu habiter depuis peu en Arménie. Il nous donnera des bons tuyaux pour notre voyage et nous propose de revenir en novembre pour le spectacle qu'il réalise avec Edith Piaff en arménien. On aimerait bien...